Histoires et petites histoires

Mémoire de Louin

d'un village du Poitou

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INUTILITÉ DES OBJETS DU CULTE

Le 3 février 1794 les trois cloches de l'église ayant été descendues la veille en même temps que la croix surmontant le clocher, les citoyens MARSAULT, maire et CAILBAULT, officier municipal, les transportent à Parthenay. Ils y déposent également deux calices, une patène et une custode. La commune pour leurs frais de déplacement leur accorde quatre livres. Marsault n'en reçoit que deux lorsqu'il transporte au même lieu la lingerie de l'église, des missels et divers ornements. Mais il faut reconnaître que la charge était moins lourde.

N'ayant plus les objets nécessaires pour la célébration du culte, le 4 février 1794 notre abbé renvoie ses lettres de prêtrise. Cependant il est arrêté et jugé à Parthenay le 27 mai, on le relâche. Il est à nouveau jugé à Niort le 29 juillet sous la présidence de BRIAULT, l'accusateur public étant LEBLOIS ; le défenseur PRUEL ; les juges sont Jacques BRIAULT, GAULTREAU, ALLONNEAU ; Tirant LE JEUNE étant greffier. Conformément à l'article cinq de la loi du 30 vendémiaire relatif aux ecclésiastiques sujets à la déportation ou à des peines corporelles il est relâché le 29 août. Pendant cette période notre ex-abbé ne peut assurer régulièrement son service d'officier public ; aussi le maire le remplace-t-il.

Le 18 septembre 1794 (2e jour sans cullotide an II) la Convention supprime les traitements aux ecclésiastiques. Certain considèrent que la suppression du budget du culte entraîne la liberté de ce dernier, confirmé par la Convention le 22 février 1795 (3 ventôse an III) qui rend les églises non aliénées et impose aux prêtres la soumission aux lois de la République (30 mai). Voulant profiter de la loi sur le divorce et comme la Convention semble plus tolérante, notre abbé et son épouse décident de divorcer. Le 9 thermidor an III (27 juillet 1795), ils comparaissent devant Pierre POUSSARD, officier municipal en jugement de conciliation. Ils convoquent six de

leurs proches parents soit pour notre abbé : Louis RABY, sabotier, René Bodin, fournier et pour remplacer Pierre GABILLY qui n'a pu comparaître, Mathurin GABILLY, son père, aussi cultivateur. Pour Louise JAULIN: Pierre Couturier, cultivateur, son cousin germain, François FILLATREAU, son beau-frère et à la place d'Alexis BERTHONNEAU, René Cailleteau, cultivateur ; les témoins déclarent « qu'il leur était impossible de les concilier » (8). Le 10 fructidor an III (27.08.1795) le divorce est donc prononcé devant Pierre POUSSARD officier municipal (9) et en présence des témoins cités ci-dessus. Le « vœu de la loi » est rempli puisqu'un délai d'un mois s'est écoulé entre ces deux

convocations. La Convention ayant proclamé la liberté des cultes, notre abbé reprend ses fonctions ecclésiastiques et célèbre le mariage de son ex-épouse qui, le 17 brumaire an V (5.11.1796) uni son destin à André Marsault, cultivateur, celui-là même qui avait procédé au mariage de Louise JAULIN et de notre abbé (10). Pendant l'été 1796. l'atmosphère devient plus favorable aux prêtes beaucoup d’émigrés rentrent en France, le culte reprend, mais ce répit est de courte durée. La Convention ne tarde pas à faire revivre contre les prêtres les lois de 1792 et 1793.

Celle même année, le 6 septembre, CORNUAULT est à nouveau arrêté, puis il est relâché. Mais ces continuelles suspicions, ses arrestations et ses emprisonnements, malgré ses preuves de bonne volonté pour être en règle avec la loi, font que notre abbé prend peur. jusqu'à ce jour la chance lui a souri, mais demain... ? Aussi cesse-t-il toute activité à partir de novembre 1796 et disparaît. Il se cache probablement aidé par les D'ABBADIE (11).

Après les élections de germinal an V, les nouveaux conseils s'attaquent aux lois de prescription. La résolution du 27 messidor an V (15.07.1797) transformée en loi le 7 fructidor (24 août) abroge les lois de prescription et l'on continue d'exiger des prêtres une promesse de soumission. Le coup d'Etat du 18 fructidor an V (4.09.1797) remet en vigueur les lois anciennes : on exige de tout ministre du culte le serment de haine à la royauté, des arrêts de déportation sont prononcés ; de nombreux prêtres se cachent. Certains redoutent la perte des avantages acquis pendant la Révolution et craignent le retour de leurs victimes. Pendant ce temps, la municipalité de LOUIN qui doit exiger de tous les fonctionnaires publics le serment de haine se demande dans quelle catégorie classer son curé et pose la question au directoire exécutif du canton de Voltaire (ST-LOUP-SUR-THOUET)... qui ne répond pas. Puis la municipalité s'adresse à la direction centrale de Niort.

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