Histoires et petites histoires

Mémoire de Louin

d'un village du Poitou

Index de l'article

 triangle b vRetour page "HISTOIRE"

VERS LE MARIAGE

Dès 1790 diverses propositions en faveur du mariage des prêtres sont formulées. La Constituante considère le mariage comme un simple contrat. Mais l'idée fait son chemin propagée par l'almanach du Père Girard composé par COLLOT D'HERBOIS et par la Feuille Villageoise sous la plume de François de Neufchâteau. Quant aux prêtres, à trop fréquenter les clubs, beaucoup ont perdu la notion de leur devoir. Fin 1791 le curé de Saint Cyr se marie ; en avril 1792 c'est Aubert vicaire à Sainte- Marguerite de Paris, puis LINDET évêque d'Evreux qui épouse sa servante. Le curé de ST-LOUP-SUR-THOUET, Jacques Joseph MORISSET, né en 1753, ancien vicaire à ST-LAURENT-DE-PARTHENAY est nommé curé constitutionnel, il fait son entrée le 29 janvier 1791 mais le 29 janvier 1794 il abdique, se marie et s'installe maître d'hôtel au Chêne Vert, à Parthenay, dont il devient le propriétaire. Il sera secrétaire de la Société populaire et servira dans la Garde Nationale. Il eut comme vicaire l'abbé MARCAULT qui, ayant adhéré à la Société des Amis de la Constitution, se déprêtrise le 25 janvier 1794. Et nous pourrions citer bien d'autres exemples.

Le mariage des religieux entre dans les mœurs facilité par la laïcisation de l'état civil voté le 20 septembre 1792. Du 7 août 1792 au 17 septembre 1793 les autorités publiques veulent contraindre rapidement le clergé à contracter mariage. Une série de décrets organise le statut légal ainsi que les avantages afférents à l'état de prêtre marié. Ainsi sont garanties : l'immunité vis-à-vis- des évêques et des paroissiens récalcitrants ou peu • compréhensifs. Le décret du 17 septembre 1793 indique que les prêtres ne peuvent être inquiétés dans leur commune à cause de leur mariage ; s'ils l'étaient ils pouvaient aller vivre ailleurs aux frais de ces communes.

Le 6 novembre 1793, les communes reçoivent le droit de supprimer leurs paroisses ou plus exactement la Convention décide que les citoyens auront droit désormais d'adopter le culte qui leur conviendra et de supprimer les institutions religieuses qui leur déplairont. Cette décision a pour effet de fermer les églises, d'interrompre partout l'exercice de la religion. Le décret du 13 novembre permet d'ailleurs à « toutes les autorités constituées de recevoir des ecclésiastiques et des membres du culte la Déclaration qu'ils abdiquent leurs qualités ». Un nouveau décret du 6-8 décembre proclame la liberté des cultes. Ainsi dans les derniers mois de 1793 et au début de 1794 la plus grande partie de l'église constitutionnelle accepte officiellement de disparaître. Suivant l'expression de l'époque « on se déprêtrise avec entrain ». Le 15 novembre 1793 une nouvelle loi indique que « tout prêtre qui se marie échappe à la déportation et qu'une rente de 800 à 1200 livres leur est allouée ». Voulant profiter de la loi et menacé par la société populaire de Saint-Loup l'abbé CORNUAULT prend femme le 28 brumaire an II (18.11.1793) (6) . Il épouse Louise JAULIN (7) née à SOULIEVRES le 2 octobre 1767 fille de Louis, journalier et Jane Renault ; ils habitent à LOUIN. L'acte de mariage est passé devant André Marsault, maire, officier publie et en présence de Louis RABY, sabotier (54 ans) demeurant à LOUIN et leur ami ; de Pierre Couturier, vigneron, cousin germain de l'épouse (27 ans) ; d'Alexis BERTONNEAU, vigneron (36 ans) beau-frère de l'épouse et de François FILLATREAU tisserand également beau-frère de Louise (32 ans) tous de cette commune. Ont signé : Marsault, maire ; Pierre Couturier, Louis RABY et CORNUAULT . Voilà notre ex-abbé en règle avec la loi. Il peut donc vivre tranquille...

signatureabbecornuaultSignature de l'Abbé CORNUAULT

 triangle b vRetour page "HISTOIRE"

All for Joomla All for Webmasters