Histoires et petites histoires

Mémoire de Louin

d'un village du Poitou

Les lavoirs - La journée de lessive

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cartelavoirhdJe viens vous parler d’un temps où LOUIN n’était pas encore le lieu de résidence de mes parents mais plutôt un lieu de vacances avec mes cousins chez ma grand-mère à CHAMPEAU. Que de souvenirs me sont restés, car petit garçon de la ville, je découvrais le monde rural, les animaux de la ferme et la joie de courir dans les chemins. L’un des moments qui marqua mes séjours est sans aucun doute le rituel de la lessive, les machines à laver étaient déjà présentes dans les ménages français mais peu démocratisées ; la lessive était faite pour beaucoup à la main.

 

Ce rituel débutait par une levée très tôt le matin. Il fallait “ mettre en route ” la vieille cuisinière à bois qui se trouvait dans la dépendance de la maison. Papier de journal, petit bois et allumette, ma grand-mère faisait ces gestes si souvent qu’ils étaient pour elle automatiques et pour moi magiques. L’attrait du feu me faisait rester spectateur. Venait ensuite l’installation de la lessiveuse et de son remplissage d’eau. C’était cet instant, moi l’aîné des petits enfants attendait ; j’aidais ma grand-mère. J’actionnais le bras de la pompe du puit, qui se trouvait dans la cour, pour y faire sortir l’eau de son bec. Je remplissais les brocs que ma grand-mère déversait dans la lessiveuse. Elle y ajoutait la lessive, le linge sale, en particulier les draps et le linge en coton, et fermait le tout par un couvercle. Les autres effets trempaient déjà dans une grande bassine en zinc depuis la veille.

Pendant la chauffe c’était le petit déjeuner, agrémenté de café chicorée au lait, que nous allions chercher à la ferme la veille et que grand-mère faisait bouillir le soir. Nous trempions nos tartines de “ pain de 4 ” dont le dessus était recouverte de crème récupérée à la surface du lait bouillit. De temps en temps elle allait surveiller sa lessiveuse et brassait cette étrange mixture avec un bâton.

Après que le linge eut bouilli, le moment était venu de sortir “ LA brouette ” pour se diriger vers le lavoir de CHAMPEAU. La brouette en bois plate était chargée du linge tout fumant dans les bassines, du matériel de lingère et du bon gros savon de Marseille. Nous voilà parti vers le lavoir, elle, roulant son moyen de locomotion et nous, enfants, courant autour. De temps à autre, elle s’arrêtait dire bonjour aux voisines qui, comme par hasard, sortait elles aussi avec leurs brouettes chargées de linge. Et tous ce petit monde empruntait le petit chemin qui montait au lavoir.

Grand bassin alimenté par une source protégée d’une niche en pierre, le lavoir servait pour les ménagères à laver et rincer la lessive dans une eau limpide très fraîche, été comme hiver. Tout d’abord chaque femmes prenaient leurs coins habituels, puis étalaient leur outils de lavandière; savon, brosse et “ Battoir ” sorte de grosse raquette de ping-pong carré. Elles installaient en dernier une sorte de caisse en bois en forme de U dont la base était recouvert d’un coussin, cela leur servait à s’agenouiller et à se protéger des éclaboussures car un à un , le linge était savonné, brossé, puis tapé, puis retourné et retapé plusieurs fois, rincé et essoré en les tordant. Tout cela se faisait dans la bonne humeur, parlant de la pluie et du beau temps, agrémenté de nouvelles du pays et d’échanges des recettes de nos chères grand-mères. Peu à peu l’eau du bassin devenait laiteuse de savon, seul le filet de la source d’eau cristalline transperçait ce nuage, pour nous enfants nous jouions à attraper les grenouilles ou à mettre nos mains dans l’eau, ce que les grand-mères nous interdisaient en nous lançant : “ cré nom de d’là arrete d’on o va être tout ragouillé ”. puis venait le retour à la maison, je passais à ma grand mère le linge pour qu'elle l'étende, aidé de mes cousins et cousines. Voilà mes souvenirs de lessives au lavoir de Champeau.

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