Histoires et petites histoires

Mémoire de Louin

d'un village du Poitou

L’occupation nazi débute le 23 juin 1940 pour les habitants du canton. La première colonne blindée allemande rentre dans St Loup-sur-Thouet et est « accueillie » par le Docteur Daniel Bouchet, maire par intérim. L’armée d’occupation s’installe et s’en suit la réquisition du château puis d’exactions d’occupant : vols de chevaux, bicyclettes et motocyclettes, pillages de cave, armement de la gendarmerie et de plusieurs viols.

La résistance s’organise dans notre département dès 1940, l’un des premiers réseaux en France est créé à Thouars par le docteur André Chauvenet et M. Gabriel Richetta nommé : « Confrérie Notre Dame ». De 1940 à 1943 plusieurs réseaux très actifs se formeront dans les Deux-Sèvres

Une figure de la résistance : le Docteur Daniel Bouchet

daniel bouchetDaniel Bouchet, personne importante du canton et de son histoire à l’époque, il est déjà apparu dans nos articles de faits divers, médecin, érudit et patriote. L’action de lutte contre les nazis pendant l’occupation passe tout d’abord par cet illustre personnage.

Ancien officier de la première guerre mondiale, le docteur Bouchet sera approché le 12 janvier 1941 par le capitaine Marcel Thomas du Service Secret de Renseignements Militaires et de Contre-Espionnage. Cet entretien sera le début de son engagement très actif dans la résistance. Il donnera sa réponse le 18 janvier et sera à partir du 1er février un chargé de mission afin de recruter de nouveau agents en Zone occupée et également collecteur de renseignements pour le 2e bureau de Renseignements et de contre-espionnage. Il deviendra le chef du réseau de résistants « Confrérie Notre Dame ». En mai 1941. Suite à une réorganisation de différents groupes de résistant, le réseau du Dr Bouchet rejoindra l’Organisation Civile et Militaire OCM.

En 1942, Le docteur Bouchet recrute sur Louin. Il contacte André Boutin*, boucher-Charcutier, connu par sa droiture et ses sentiments patriotiques. M. Boutin s’empressa d’accepter. Son premier travail sera de recruter et de constituer un groupe de 33 résistants solides, des gens sûrs dont Rémi Loubeau*, le maréchal ferrand. Il prendra la tête de ce groupe et ils se distingueront pendant la nuit du 14 août 1944 à l’entrée de Saint Loup sur Thouet.

Arrêté par la Gestapo le 9 août 1943, il sera condamné à mort le 18 décembre 1943 puis incarcéré à la prison de la Pierre-Levée à Poitiers en attente de son exécution. Finalement, il sera déporté dans le triste camp de Buchenwald le 21 janvier 1944. Il sera libéré le 12 avril 1945.

sijemeursvengemoi*texte tiré du livre de Mr Bouchet "si je meurs venge moi" :

Andr BOUTINBOUTIN André : Membre de mon groupement à Louin, a été arrêté le 9 octobre 1943. En déportation, il se trouva dans un groupe qu'on fusilla. Les balles ne le touchèrent pas, il fit le mort et s'en sortit. Il fut un fidèle et courageux compagnon, ainsi que son fils Michel, arrêté puis relâché faute de preuve.

 

 

 

 

remi loubeauLOUBEAU Rémy : Chef du corps franc armé par moi et par mon adjoint André Boutin, qui mit en échec le 14 août 1944 une colonne allemande venue à SAINT-LOUP pour brûler le village.

 

 

 

 

Le parachutage du « bois de dix heures »

Début 1943 le Capitaine Hillier demande de l’aide au Dr Bouchet pour trouver et préparer des terrains de parachutage dans la région. Débute alors le parachutage d’armes sur le département. Une phrase codée sur radio Londres de la BBC et le lieu déterminé est investi par une équipe de récupération, les planques sont déjà prêtes à recevoir le précieux chargement.
La phrase codée tant attendue pour le parachutage de l’armement destiné pour les groupes de St Loup, Maisontiers et Louin sera enfin prononcée fin juillet 43 sur radio Londres : « Si je meurs venge moi ». Le terrain de réception se situe près de Maisontiers, retenu par M. Ernest Cailleau, exploitant à la " Pommeraie ". Le lieu « La Grande Prairie » est dissimulé par les arbres, choisi pour sa situation et ses dimensions : 500 m de long et 100 m de large.

csm 133 E Parachutage 886c17e73e

parachutage armementDans la nuit du 24 au 25 juillet, Trois tonnes d'armes, réparties en 16 containers de 150 kg atterriront sur le lieu de parachutage :
    - 117 mitraillettes avec leurs chargeurs et munitions
    - 85 revolvers à barillet de 6 balles 9 mm
    - 105 revolvers à barillet de 5 balles 11 mm
    - 4 pneus destinés au Maire de Bressuire, le docteur Bernard

Le groupe de réception était constitué par André Bernard, Monique Bouchet, Ernest Cailleau, Casimir Geantet, Camille Guindon, Lucien Merceron, Arsène Bonet, André Boutin, René Cler, Marcel Grimault et Roger Hélier. Le docteur Daniel Bouchet, retenu en Charente par une autre mission sera remplacé par André Bernard, garagiste à Saint-Loup-sur-Thouet. Une partie des armes est transportée à Ripère et cachée par Arsène Bonet. Le reste est acheminé à Saint-Loup-sur-Thouet dans le garage du docteur Bouchet qui les répartira dans différents endroits.

 boisdixheures

Août 1943 : le début de la répression

Le 7 août, l’arrestation d’Eugène Brisset, responsable OCM de Parthenay, impose au groupe de changer de lieu de stockage de l’armement. Dans la nuit même, Ernest Cailleau les transporte avec son cheval et sa carriole de la ferme des " Brûlots " au " Bois de dix-heures ". Elles sont cachées sous des fagots de bois. Pour les armes de St Loup elles seront transportées dans le clocher de l'église de Louin par André Boutin et Rémi Loubeau.

Le 9 août, une voiture s’arrête à la ferme des " Brûlots " où habite la famille Grimault. La venue de la Gestapo est sans équivoque : « vous. Cachez des armes ici ». Marcel Grimault est arrêté, torturé dans la grange. Son supplice prend fin lorsqu'un des policiers, resté à l'extérieur, découvre des traces laissées par des roues de charrette se dirigeant vers le bois. C'est la trace de l'évacuation des armes de l'avant dernière nuit ; elle conduit directement au stock, sous le tas de bois.

Ce même jour sont arrêtés le docteur Daniel Bouchet de Saint-Loup-sur-Thouet et Roger Hélier de la Chapelle-Saint-Laurent, responsables OCM. Ils sont mis au secret à la prison de la Pierre Levée à Poitiers et condamnés à Niort le 18 décembre puis déportés à Buchenwald.

Le 6 octobre, la répression s'abat de nouveau sur le groupe et se traduit par l'arrestation à Saint-Loup-sur-Thouet du docteur Cler et de Jean Thalbault ; le 9 octobre 1943 à Louin de André Boutin et de son fils Michel ; à Ripère de Arsène Bonet, Camille Guindon, Casimir Geantet et à Maisontiers de Ernest Cailleau et de Lucien Merceron. Tous sont emprisonnés à la Pierre Levée de Poitiers.

En déportation, André Boutin se trouva dans un groupe qu'on fusilla. Miraculeusement les balles ne le touchèrent pas, il fit le mort et s'en sortit.

 

La nuit du 14 au 15 août 1944

remi loubeauM. Rémi Loubeau qui était le second de M. Boutin, prends alors le commandement du groupe armé de Louin. Le groupe « Loubeau » composé d'une trentaine de résistants, s'illustrera par des opérations de sabotages de voies ferrées et des stockages d'armes parachutées.

Le 14 août 1944, un car réquisitionné par les Allemands traverse Saint-Loup-sur-Thouet revenant de la laiterie où les allemands ont l’habitude d’y récupérer du ravitaillement. Ils sont mitraillés devant le château par un groupe de résistants de Parthenay sortant du garage voisin.
L'accrochage fait trois morts et plusieurs blessés chez l'occupant. Les Allemands survivants prennent la fuite le long de la voie ferrée, abandonnant leur véhicule.


Averti de cet incident par le capitaine Léo, chef de la résistance à Parthenay et redoutant des représailles, Rémi Loubeau mobilise un groupe de 14 hommes armés, qui se positionnent en embuscade à deux postes de surveillance : à l’entrée nord de Saint Loup et entre les deux ponts, celui du Cébron et du Thouet.

marsaultA 23 heures une colonne de plusieurs véhicules allemands venant de Parthenay et tous feux éteints se présente à l’entrée du village. Rémi Loubeau engage le combat avec ses hommes contre 50 à 60 soldats allemands au niveau du pont du Cébron à l'entrée de Saint Loup. D’une extrême violence de tirs nourris, l’embuscade durera une demi-heure. Les allemands ripostent, une mitrailleuse arrose les maquisards, des grenades explosent, les allemands battent en retraite ramassant neuf soldats tués et neuf blessés. Du côté du groupe armé de Louin, Georges Marsault, un jeune résistant de 23 ans est tué par une grenade pendant le combat.

L'importance du déploiement ennemi confirme l'intention criminelle allemande d’anéantir le village. L'action des résistants a été déterminante pour sauver Saint-Loup-sur-Thouet. Le village échappe ainsi au triste sort que l’on connut Oradour sur Glane, Cerizay et Montravers.

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15 partisans :

Loubeau Rémy, Duprés Louis (blessé), Marsault Georges (tué), Comuaud Pierre, David Aulia, David Marcel, Brunet Pierre, Le Boisselier Léonce, Giray Jean, Bigot Jean, Moreau Robert, Le Moalic Louis, Muniera, Munoz José et Sabourin Raymond.

 

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 Photos de groupe des résistants sur la place "Café LAURENDEAU" à LOUIN le 16 août 1944.

Aujourd'hui les maisons portent encore les stigmates de la bataille. Un monument à la mémoire de Georges Marsault nous rappelle son sacrifice et l’engagement de ces résistants.

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 La libération

Le 4 septembre 1944, les troupes allemandes quittent Saint Loup-sur-Thouet sans incident après 1535 jours d'occupation.
Cette journée restera mémorable pour tous les habitants du Canton. Les gens descendent spontanément dans la rue. Une cérémonie militaire s’organise à la hâte à Saint Loup. Entouré par la population en liesse, une gerbe sera déposée au monument aux morts, s’en suivra d’un défilé où le groupe de résistants de Louin fut mis à l’honneur.
Le tout sera clôturé par un grand repas dans la cour du château.

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 Les résistants défilent à Saint-Loup sur Thouet, à gauche au premier plan Mr Rémy LOUBEAU et à gauche Mr Pierre Brunet.

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