Histoires et petites histoires

Mémoire de Louin

d'un village du Poitou

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valentine 01Nous sommes au temps de la belle époque, au début de l’année 1913. Jean Robin est une figure. A 72 ans, l’homme tient depuis de nombreuses années un débit de boisson et de tabac dans le bourg de LOUIN. Diminué physiquement par une hypertrophie de la prostate, le tenancier est aidé par sa nièce Valentine Volleau, 30 ans. Malgré son âge avancé et sa maladie, Jean Robin se livre à une cour assidue de sa nièce. Il n’hésite pas à revendiquer la paternité de l’enfant naturel de la jeune femme. Face à tant d’ardeur, Valentine se montre de plus en plus gênée. Dès qu’elle le peut, elle sort pour oublier ce harcèlement quotidien. Elle rencontre ainsi un nommé Ingremeau. Les deux êtres se plaisent et leur liaison est sérieuse. La date du mariage est fixée le 6 avril. Avec un homme à ses côtés, Valentine espère que son calvaire va cesser. C’est tout le contraire qui va se produire.

Dés qu’il apprend sa liaison, Jean entre dans une colère noire. Il répand alors de fausses rumeurs sur sa nièce en clamant haut et fort qu’elle est sa maîtresse. Parmi le destinataire de ses lettres, le futur marié. Il va même jusqu’à contraindre Valentine de s’accuser par écrit. Malgré tout ce tapage, le Mariage est maintenu.

lefaucheux 7mmLa stratégie de Robin a échoué. Les deux amants se marient à la date convenue. Le vieil homme encaisse le coup. Il sait que son heure viendra. Courant Avril, il se rend chez le sieur Debraye, un armurier de Parthenay. Il en ressort avec un révolver 7mm et 6 cartouches (probablement un révolver Lefaucheux, calibre 7mm à broche, cf illustration). Le 6 mai 1913, un mois jour pour jour après le mariage, Robin rôde autour du domicile de Valentine. Les poches profondes de son veston dissimulent parfaitement son achat récent. Après quelques minutes d’observation, il parvient à pénétrer chez la jeune mariée.

livre_masqueSurprise, la nièce repousse une nouvelle fois les velléités amoureuses du tenancier. « Petit chameau, petite misérable », lui lance-t-il tout en sortant son révolver. Deux coups retentissent. Valentine s’écroule. Abasourdi par son geste, robin retourne l’arme contre lui. Il place le canon dans sa bouche et tire à deux reprises.

Quelques secondes plus tard, deux êtres en sang sortent en trombe de la maison. Les quatre coups de feu n’ont tué ni l’agressée ni l’agresseur. Touchée à la main gauche et à l’épaule droite, Valentine hurle dans les rues de LOUIN. « A l’assassin ! » lancé à sa poursuite, Robin, le visage en sang, tire une dernière fois sur la fuyarde. Manqué. La femme trouve un refuge salutaire dans la boulangerie Dubreuil (au 5 rue de la Croix Cornuault, actuellement). Vaincu. Le tenancier prend alors la direction du Thouet où il se jette pour mettre fin à ses jours. C’est le meunier du village qui le sauve de la noyade (le meunier du Moulin de toutes voies).

Le vieil homme est jugé le 24 septembre 1913. Avant que la cour le condamne à deux ans de prison, il regarde sa nièce une dernière fois. Remise sur pied en quelques semaines, Valentine a gardé toute sa vie les souvenirs terribles de cette journée ainsi que les deux balles de l’arme de son agresseur que les médecins n’ont pu extraire de son corps.

 

Article de la Nouvelle République paru le 22 juillet 2004, d’après les recherches de M.Olivier Goudeau professeur d’Histoire à Niort.

1913 la gironde

1913 tentative de meurtre

 

 

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